Une première pour Sylvie, mon 7°bout de chemin
dimanche 10 avril
(Cergy-Paris - SJPP - Honto)
A peine arrivées à la gare Montparnasse, pas encore dans le train et déjà attablées pour un p'tit café et ... des croissants ! Sacrée Sylvie, ça promet !
A peine descendues du train à Saint-Jean Pied de Port, nous filons chercher la crédanciale de Sylvie, moment important dans la vie d'une pèlerine et nous profitons des explications de notre hospitalier pour la route de demain.
Nous rencontrons une religieuse qui salue en nous gratifiant d'un "union dans la prière". A Honto, nous dégustons une bonne soupe aux légumes et de délicieuses côtelettes d'agnelet à tête noire.
Lundi 11 avril (Honto-Roncevaux)
Prêtes pour affronter la dure montée vers le col de Lepoeder avec une magnifique vue brumeuse sur le pays de Cize ! A l'heure de la pause, déception: la Vierge de Biakori reste invisible. J'adresse une prière et en l'espace de quelques secondes et pour pour quelques minutes la brume se dissipe et la Vierge apparait... grand moment d'émotion !
La mythique étape de la traversée des Pyrénées s'avère difficile mais pas insurmontable, c'est surtout la météo qu'il a fallu braver ( brume, vent , pluie et froid glacial). Nous confirmons l'accueil peu chaleureux à la collégiale de Roncevaux où l'on nous a donné un ticket avec le numéro de notre lit contre 10 euros. Extinction des feux à 22h et réveil à 6h30 avec musique religieuse. Prière de déguerpir avant 8h !mardi 12 avril (Roncevaux-Zubiri)
Nous quittons Roncevaux sans regrets, ce doit être joli quand il y fait beau !
Un Suisse bavard nous a collé d'un peu trop près toute la soirée, nous avons fait la connaissance d'un pèlerin suédois et d'un autre, Allemand dénommé Hans par le fameux suisse dont les clichés et stéréotypes nous ont vite lassé Sylvie et moi (ben quoi, tous les allemands s'appellent Hans, non ?)
Les Pyrénées dans le dos et dans la brume, nous avançons vers Zubiri où nous serons déçues de l'arrivée. Hé oui, pour 6 euros, fallait quand même espérer le grand luxe !
mercredi 13 avril (Zubiri-Pamplune)
Le soleil est arrivé et, il faut l'avouer, ça change la donne. Nous prenons un chouette petit-déj' avec Siegbert (Allemand, tiens, il s'appelle pas Hans !) et sa tendre amie, Hollandaise qui répond au doux nom de ... Hans ! Tiens donc ! ça lui en boucherait un coin à notre ami suisse ! Ce gentil couple nous attendrit, nous émeut, ils se sont rencontrés en cure de convalescence après une longue maladie chacun.
Sur le chemin, nous rencontrons aussi deux Américains de Michigan qui prennent le temps de vivre nous disent-ils (pause cigarette, soirées arrosées... à chacun son chemin et son esprit du chemin !), un gentil couple d'Australie, deux Coréennes qui parlent très mal l' anglais et pas du tout espagnol, aïe aïe, pas facile de se comprendre...
Nous décidons de choisir un hôtel pour ne pas réitérer l'expérience de l'albergue municipale, pour 15 euros, ça risque d'être plus sympa...Nous arrivons à Pamplune sous un soleil de plomb, on cherche longtemps l'hôtel qui est en fait un appartement au 1er étage ... et la réceptionniste nous dit :"oh vos amis viennent juste d'arriver".
??? et c'est ainsi que l'on s'est retrouvées, Sylvie et moi, dans une chambre dortoir avec 2 malabars qui marchent 40 bornes par jour (oh lala le genre à ronfler sec, non ? ).Heuseusement, Léonardo et Clarissa nous indiquent un très bon menu pèlerin au café Iruna sur la place Castillo.
Léonardo (brésilien) amoureux de Clarissa (argentine) rencontrée en Bolivie, c'est mimi cette love story... et là, je me tourne vers Sylvie, française ayant rencontré son anglais de mari en Allemagne en prenant des cours de russe !!! LOL !jeudi 14 avril (Pamplune - Puente la Reina)
Levées de bonne heure, d'une part parce les deux français (qui n'ont pas ronflé) partent tôt et d'autre part, parce que l'on voulait éviter la chaleur de l'après-midi pour marcher, nous nous trouvons toutes bêtes devant la porte fermée à clé derrière laquelle sèche tout notre linge !
Nous voilà, toutes deux en pyjama à fouiller le bureau de la réception à la recherche de la clé quand arrive la réceptionniste mal lunée qui braille en espagnol qu'on lui doit 3 euros pour la machine !Enfin parties, plus tard que prévu du coup, nous quittons Pamplune et sa banlieue en direction du col del Pardon, repéré au loin parmi les éoliennes.
C'est la pause, on se retrouve au hasard, Hans souffre d'ampoules, Jacqueline de souvenirs tristes...La côte est longue, il fait chaud et pourtant le vent souffle fort. Enfin, je découvre ce fameux monument aux pèlerins que l'on voit dans les guides. Je profite de cet instant magique : le paysage est magnifique des deux versants du col, le temps est au beau et nos compagnons de route sont tous là: les Australiens, Hans et Siegbert, les Coréennes, Jacqueline et Michel. Je suis en Espagne, sur le Camino. Exquis moment de plénitude. Alleluia !
Douce descente vers Puente la Reina dont le nom me fait rêver depuis plusieurs années, tranquille chemin, Sylvie discute derrière moi avec nos amis du chemin, je suis dans mes pensées...
Nous voulons tester l'accueil chrétien à l'albergue des Padres Reparadores. Grosse déception: accueil minable par un hospitalier renfrogné (je ne savais que ça pouvait exister !), pas de temps de prière proposé... je suis en manque de religiosité : les églises sont fermées, pas de messe le soir pour les pèlerins...Nous dînons dans le restaurant d'un hôtel, menu décevant mais quelle tranche de rigolade avons-nous pris ! Un pèlerin japonais a animé la soirée bien malgré lui avec ses expressions très asiatiques et son coup de vin en trop, bien aidé par deux comparses ! j'ai failli m'étouffer de rire avec une frite et j'ai passé le repas rouge comme une tomate au soleil !
vendredi 15 avril (Puente la Reina - Estella)
Dernier jour de marche, c'est triste ! Nous emboitons le pas avec Léonardo et Clarissa sur le fameux pont de la Reine. Tout est vert, le paysage est reposant. Après une côte assez costaud (elle n'est pas citée dans le guide celle-là ! et pour vous dire, les cyclistes ont mis pied à terre !), nous cheminons vers Cirauqui entre les fleurs de colza, les premiers champs d' amandiers et d'oliviers. Nous rêvons d'un café à une terrasse... que nenni, nous ne trouvons qu'un distributeur de café lyophilisé. Nous passons notre chemin, grosse erreur de ma part, j'aurai du faire une pause car j'ai ramé jusqu'à Lorca. Sylvie a pu tester ma mauvaise humeur, pas trop longtemps quand même ! Lorca est très joli et il y a une auberge qui a l'air très sympa.
Nous terminons nos derniers km en compagnie de Jacqueline et Michel, avec qui nous irons passer les derniers instants avant de quitter Estella.
Dans le car, nous refaisons tout le trajet à l'envers, revoyons défiler le chemin de 3 jours de marche en l'espace de 30 minutes ! Nous dormons le soir à Hendaye à l'hôtel de la gare.
Aventures et pérégrinations s'arrêtent là, en attendant les prochaines !